VETEMENTS, the show must go on
Que l’on aime ou pas ce dernier défilé, on ne peut nier la force artistique de Guram et sa capacité à faire couler beaucoup d'encre.
Que l’on aime ou pas ce dernier défilé, on ne peut nier la force artistique de Guram et sa capacité à faire couler beaucoup d'encre.
Le défilé marquant le dixième anniversaire de VETEMENTS, orchestré hier au cœur de la mythique rue Cambon, a métamorphosé le Pavillon Cambon Capucine en un véritable sanctuaire de la mode, illuminé par des néons d’un rouge intense. Ce cadre, flirtant avec le démoniaque, a accueilli des invité.e.s de renom, incluant des figures telles que Carine Roitfeld, Olivier Rousteing, et même Cher, tous.tes vêtu.es de noir intégral, en écho au code vestimentaire édicté par l’invitation. Baptisé « The Most VETEMENTS Show Ever », le décompte affiché sur l’arche principale a lancé un défilé promettant de bouleverser ses spectateurs.rices.
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Dès l’apparition du premier ensemble, composé d’un corset et d’un pantalon rehaussés par une veste oversized aux épaules destructurées évoquant un cintre oublié, le message était clair : volume et originalité allaient de pair, proposant des silhouettes froissées à l’extrême. La suite a vu défiler une série de créations reprenant cette esthétique déformée et froissée, des costumes masculins aux T-shirts ornés de slogans malicieux, à l’instar de celui arboré par Anwar Hadid, clamant “not mom’s favorite”.
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La lumière s’adoucit, la musique s’interrompt soudain, puis reprend vigoureusement, annonçant la poursuite du show. Une nouvelle vague de créativité surgit alors. Le premier mannequin s’avance, vêtu d’un crop top blanc et d’une pièce que l’on croit être un jean, mais qui se révèle être une jupe sirène avec traîne. Cette audace stylistique se retrouve dans d’autres tenues, portées par des personnalités telles que Winnie Harlow, dans un jogging réinventé, ou Georgina Rodriguez, fière de porter le maillot de football de son époux en trompe-l’œil. La collection joue de nouveau avec l’oversize 16XL, emblématique de la marque, agrémenté de slogans provocateurs ou de messages tranchants de la Tumblr era — comme “we buy things we don’t need with money we don’t have to impress people we don’t like” —, et d’autres excentricités, telles que des doudounes en peluche, rappelant Lady Gaga et ses nombreux Kermit la grenouille.
Le spectacle se poursuit avec une explosion de paillettes : chaque tenue scintille de mille feux, qu’il s’agisse du costume d’Alton, du denim transformé en constellation étincelante, du jogging devenu une pièce de Haute Couture, ou de Miss Fame, éblouissante dans une robe moulante et scintillante. Au-delà de ce déluge de bling, ce segment du défilé rappelle que la marque repose sur une solide maîtrise du tailoring. Le point d’orgue est atteint avec trois robes évoquant l’élégance de Balenciaga, la dernière portée de manière magistrale par Marcia Cross, introduisant une égérie inattendue dans un casting déjà remarquable.
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L’ensemble de l’industrie de la mode est au fait des tensions entre Guram et son frère Demna, actuel directeur artistique chez Balenciaga et figure emblématique et fondatrice de VETEMENTS. Entre des ensembles transformant le jogging en robes au tailoring impeccable, des hoodies rappelant la célèbre rivalité entre Jennifer Aniston et Angelina Jolie, et la présence de Jelena Karleusa, accusant Kim Kardashian (ambassadrice de Balenciaga, ndlr) de plagiat, cet événement ajoute une dimension supplémentaire à la confrontation stylistique (et personnelle) entre Guram et son frère. La clôture du défilé par Marcia Cross, Desperate Housewife de renom et amie de longue date de la Maison, fait écho à Isabelle Huppert dans son iconique tenue Balenciaga au Met Gala, soulignant ainsi la persistance de cette rivalité fraternelle. Il n’en demeure pas moins, que l’on aime ou pas ce dernier défilé, on ne peut pas nier la force artistique de Guram et sa capacité à faire couler beaucoup d’encre.