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Comment l’upcycling est devenu essentiel

Dans un contexte de transition écologique, l’upcycling séduit les marques et jeunes créateurs qui y voient une étape nécessaire pour charmer une clientèle Gen Z plus consciente des enjeux éthiques – pourvu que cela reste cool.

Photos : Alessia Gunawan
Marque : Garbage Core, Saison 06

Si le monde du “pre-owned“ a trouvé une place de choix sur les plateformes de marques et créateurs telles que Zalando.fr, qui propose des pièces vintages choisies avec goût, l’upcycling n’est pas en reste. En 2018 déjà, le site de vente en ligne avait encouragé une mode upcyclée avec une collection capsule réalisée en collaboration avec Viktor & Rolf. Depuis, Zalando a lancé sa catégories “Seconde Main”, née de l’envie de proposer une plateforme facile à utiliser pour les client.e.s qui souhaitent vendre leurs propres pièces – au préalable vérifiées par la marque.

Nos clients souhaitent la même promesse de fiabilité et de qualité que lors de l’achat d’un article neuf. Et c’est exactement ce que nous avons voulu leur offrir : une plateforme où ils peuvent désencombrer leur garde-robe et donner une seconde vie à leurs vêtements rapidement et sans effort”, explique Ombline Delepoulle, Marketing Lead chez Zalando France.

Si aucune catégorie “Upcycling” n’est envisagée pour l’instant, ce nouvel espace vintage se porte à merveille et fait le bonheur des clients. “Nous sommes très heureux car la demande pour cette nouvelle catégorie est très forte depuis le lancement en octobre 2020, et les réactions très positives. Nos clients apprécient particulièrement la simplicité de l’expérience et le fait d’avoir accès à la même politique de livraison, de paiement et de retour que les autres articles neufs sur Zalando, ainsi qu’à notre service ‘Essayez d’abord, payez après’, ce qui est un atout majeur.”

Slow fashion 

Si l’idée de réutiliser pour mieux reconstruire est familière aux jeunes créateurs, le monde du luxe commence à s’y pencher de manière approfondie, même si le sujet a déjà été abordé par le passé avec Jean-Paul Gaultier (qui utilisait des sets de table transformés en vêtements lors de son premier défilé en 1976) ou par Hermès avec la ligne petit h. Le concept de surcyclage (le mot français pour upcycling, ndlr) revient en force et il faut avouer que la situation est propice aux changements. Les restrictions liées au Covid-19, la raréfaction des matières premières, le réchauffement climatique et les différentes réglementations qui touchent le marché de l’habillement – dont la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, qui interdit, entre autres, la destruction des invendus – sont autant de facteurs contribuant à une nouvelle manière de penser la mode. D’ailleurs, “détruire pour garder l’exclusivité était une pratique courante du luxe”, rappelle Hélène Sarfati-Leduc, experte mode, luxe et développement durable pour Le French Bureau. “Mais le contexte n’aidant pas, les maisons pensent à de nouvelles alternatives.” Et l’upcycling, avec ses pièces singulières et son côté écoresponsable, est séduisant. À l’heure où de plus en plus de consommateurs sont sensibilisés aux thématiques liées au réchauffement climatique, les maisons de luxe ne peuvent plus ignorer l’impact environnemental de leur activité.

Luxe et circularité

En 2020, à travers sa collection automne-hiver, Maison Margiela introduisait la ligne “Recicla”, en écho au concept “Replica” de 1994 (qui consistait à répliquer des trouvailles vintage), qui se distingue par ses pièces créées à partir de vêtements vintage dénichés par le créateur John Galliano et son équipe. Devenue une ligne permanente de la maison, elle a donné naissance à des cols fabriqués avec d’anciens manteaux ou des sacs en osier restaurés datant des années 30 aux années 70. Pour le printemps-été 2021, Virgil Abloh présentait, pour Louis Vuitton Homme, la collection de sneakers “LV Trainer Upcycling”, élaborée avec les modèles originaux datant de 2019, démontés puis reconstruits dans un atelier en Italie. Quant à la maison italienne Miu Miu, elle a lancé en 2020 une collection limitée de 80 robes intitulée “Upcycled”. Chinées dans des marchés ou friperies, les pièces ont été restaurées et retravaillées de manière précieuse. Chaque création est unique et disponible uniquement dans neuf boutiques Miu Miu. Si cette association “upcycling/luxe” pouvait sembler peu compatible avec leur image de marque quelques années plus tôt, les maisons établies pensent aujourd’hui circularité. Désormais, les deux termes se complètent pour attirer une clientèle avertie et occasionnelle, à condition de respecter certaines règles : l’exceptionnalité, la rareté, la qualité, la beauté et la transmissibilité. “Si le produit est d’abord un produit d’exception, c’est un plus qu’il soit recyclé ou upcyclé. On ne va pas l’acheter parce qu’il est upcyclé mais parce qu’il nous plaît. Si l’on reste dans les fondamentaux de ce que le client occasionnel ou régulier du luxe aime, il n’y a pas de raison qu’il n’en veuille pas”, estime Hélène Sarfati-Leduc.

Upcycled Couture

Tandis que l’upcyling fait son chemin dans le luxe, la jeune création internationale multiplie les prouesses pour une mode éthique toujours plus fabuleuse. Marine Serre s’érige au rang de leadeuse et n’hésite pas à partager des extraits de son processus créatif via des vidéos sur sa chaîne YouTube, immergeant le spectateur dans les ateliers où sont réalisées certaines de ses pièces. D’anciens jeans sont déconstruits pour devenir des jeans précieux, griffés des fameux croissants de lune, des serviettes de bain deviennent des gilets… D’autres, comme Sevali (dont le slogan Instagram est “Upcycled Couture”), vont encore plus loin en incluant dans les créations couture des objets du quotidien comme des ceintures de voiture ou des sacs à main. Fini le temps où l’upcycling traînait une mauvaise réputation esthétique. Aujourd’hui, déconstruire pour reconstruire en mieux a permis l’apparition de silhouettes pointues, à la manière des créations du styliste suisse Kévin Germanier, qui a l’habitude de retravailler d’anciens tissus pour ses pièces sculpturales. En France, les créatrices des labels Andrea Crews et Koché sont aussi des habituées, donnant naissance à une mode ludique et précieuse. Quant au label new-yorkais Gypsy Sport, son créateur Rio Uribe utilisait déjà des vieux jeans, des objets ménagers ou encore la robe de mariée de sa mère pour la collection printemps-été 2018.

De la même manière que le neuf, l’upcycling offre la possibilité de créer tous les styles, du plus classique au plus décalé. Ainsi, de jeunes labels fleurissent sur Internet avec des créations qui, à défaut d’être disponibles dans de vraies boutiques, s’achètent via e-shops, Instagram ou sur des applications de revente. C’est le cas du label italien Garbage Core, qui propose des pièces upcyclées poétiques réalisées en patchwork, ou du label parisien Maison Mourcel avec ses créations futuristes et hybrides. Certains se spécialisent dans la conception d’un seul et unique produit, comme le jeune label new-yorkais Is NYC et sa ligne “Redux”, spécialisée dans les corsets. Ces créations uniques à l’aura singulière plaisent aux jeunes générations et leur vente est favorisée par les applications de shopping social telles que Depop, qui regorge de créatifs à l’instar d’Immoral London, une autre créatrice de corsets, ou Mata Complex, dont les tops déstructurés sont parfois fabriqués avec des chaussettes. Certaines influenceuses ont aussi fait de l’upcycling une partie importante de leur ADN à la manière de Tess Ryfa du compte Instagram @rosabonheur, qui partage régulièrement des vidéos sur le sujet avec ses abonnés.

Enfin, l’upcycling envahit aussi les friperies pointues comme celle de NUOVO à Paris. Habituée des pièces de créateurs, mais également de produits plus accessibles à l’esprit 90’s, sa créatrice Lisa a présenté en mars dernier une collection confectionnée avec ses pièces invendues ou défectueuses, qui deviendra un rendez-vous récurrent en boutique et sur l’e-shop. “Vendre du vintage, c’était déjà passionnant, les vêtements portent une histoire et quand ils partent, c’est un nouveau chapitre qui s’ouvre à eux, explique-t-elle. Et grâce à l’upcycling, les vêtements n’ont pas seulement une deuxième vie, ils deviennent uniques. Avec la pandémie que nous traversons, l’immobilité devient un problème planétaire. Nous avons tous besoin de recréer du mouvement, de faire bouger les choses en se reconnectant à notre créativité.”

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