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Ella Bedia : « L’IA, c’est mon terrain de jeu »

À seulement 23 ans, Ella Bedia trace une voie singulière à la croisée de la direction artistique, du cinéma et de l’intelligence artificielle.

Rubis Jacobson

Fascinée par le pouvoir des images et la magie des récits visuels, elle fait partie de cette nouvelle génération d’artistes pour qui les applications du Creative Cloud d’Adobe sont aussi intuitives qu’un carnet de croquis. Rencontre avec une réalisatrice et directrice artistique de 23 ans qui cultive déjà l’art du décalage avec la poésie avec brio.

Comment devient-on réalisatrice- et directrice artistique ? Est-ce qu’il y a eu un déclic artistique, des expériences qui t’ont mené là ?

Depuis petite, j’ai toujours été très manuelle. Je passais mon temps à dessiner, à fabriquer des choses de A à Z. Le stop-motion et l’animation, c’est un univers qui m’a fascinée très tôt. Je me souviens d’un film qui s’appelait Max et Marie – ça m’avait bouleversée, j’avais envie de faire pareil. Plus tard, j’ai découvert les films de Wes Anderson et de Michel Gondry, et leur manière de créer des mondes décalés m’a énormément inspirée. C’est encore le cas aujourd’hui.

Justement, est-ce qu’il y a d’autres artistes qui influencent ton style ?

Oui, carrément. En plus de Wes Anderson et Gondry, j’aime beaucoup Sean Baker pour son approche plus “do it yourself”, plus brute. Je regarde énormément de cinéma, je suis assez curieuse. Ce que j’aime, c’est quand c’est un peu poétique, décalé, pas tout à fait localisable dans le temps ou l’espace.

Ce truc de créer un univers à partir d’assets visuels, de poésie, c’est vraiment très fort. Et toi, quand est-ce que tu t’es sentie légitime pour créer ? Ça ne doit pas être évident de passer à la réalisation.

Oui, je dirais que c’est surtout une question de légitimité, en effet. Parce que dès qu’on imagine un projet de tournage, il faut mobiliser du monde, des techniciens, des artistes, des gens qui se déplacent pour toi. C’est une drôle de sensation : il faut croire que ce qu’on propose vaut le coup, avant même de voir le résultat. Et ça, c’est un vrai chemin à parcourir.

Tu te souviens de ton premier tournage ?

Oui, c’était pour un clip que j’ai réalisé pour une copine, il y a deux ans. On avait très peu de budget, mais je suis super fière du résultat. On était une quinzaine à bosser dessus, et c’est vraiment un très bon souvenir. C’était autour de ses origines créoles, et ça reste une expérience très marquante.

Et aujourd’hui, tu dirais que tu as un style identifiable, une patte à toi ?

Je ne sais pas si j’ai une vraie “patte”, j’espère en tout cas ! Ce que je peux dire, c’est que je pars toujours d’une idée. J’aime bien me laisser guider par elle, sans forcément m’imposer de médium. Parfois ce sera de l’animation, parfois de l’IA, parfois des images tournées… Je m’adapte à ce que l’idée demande, en fait.

Justement, à quel moment as-tu intégré l’IA dans ton processus créatif ?

J’ai commencé à l’utiliser pendant mon bachelor, surtout avec Photoshop. Quand les fonctions d’IA ont été intégrées, j’ai eu envie de tester. Et très vite, c’est devenu un terrain de jeu. Le fait de pouvoir générer une image à partir d’un simple prompt, de passer du texte à l’image, ça a été un petit déclic.

Tu t’en sers surtout comme générateur d’images à partir de texte ?

Oui, c’est ce que je préfère. Sur Firefly, j’aime bien partir de rien, écrire un prompt précis et voir ce que ça donne. Parfois je pars aussi d’une image existante pour la pousser un peu plus loin visuellement. Et depuis que j’ai découvert qu’on pouvait aussi générer de la vidéo, ça a encore ouvert tout un champ des possibles.

Tu as appris à rédiger des prompts toute seule ?

Oui, totalement. Je n’ai aucun background technique, je ne suis pas du tout une geek à la base. J’ai appris en expérimentant, en tâtonnant. Parfois ça fonctionne, parfois pas du tout, mais même dans l’échec, ça nourrit des idées. Je ne pense pas que j’ai la méthode la plus efficace, mais elle est organique et intuitive, et ça me va.

Tu as réalisé un court métrage en utilisant de l’IA, présenté à l’Artifact Film Festival. Raconte-moi !

Oui, en fait j’ai réalisé ce court métrage spécialement pour le festival. Je suis tombée sur l’affiche dans un cinéma, et je me suis dit : pourquoi pas ? J’utilisais déjà l’IA pour faire des images, mais jamais pour de la vidéo. Et là, ça m’a permis de créer de fausses archives des années 70, autour d’un lieu que j’ai totalement inventé, fantasmé. C’est quelque chose que je n’aurais jamais pu faire autrement, pour des raisons de budget et d’accès à ces images. Et puis les “imperfections” de l’IA allaient bien avec le côté onirique que je voulais donner au projet.

Et aujourd’hui, tu pourrais te passer de l’IA ? Quel rôle joue-t-elle dans ton travail ?

J’adore travailler sans IA, vraiment. Mais ce que je trouve excitant, c’est de pouvoir mélanger les deux. Il y a un futur hyper prometteur dans les projets hybrides. L’IA permet d’explorer des idées qu’on n’aurait même pas pu envisager autrement. Et comme c’est encore un outil nouveau, tout reste à inventer. C’est grisant.

Tu disais aussi que tu avais aimé utiliser l’IA pour créer des images d’archives. Est-ce qu’il y a d’autres usages auxquels tu penses ?

Oui, je pense que ça peut vraiment révolutionner les effets spéciaux. J’en parlais avec des amis qui bossent dans l’audiovisuel, et c’est clair que ça repousse les limites. Et ce que je trouve intéressant, c’est que beaucoup de gens, à l’Artifact et ailleurs, ont utilisé l’IA pour parler d’intime. C’est hyper contre-intuitif, parce que l’IA c’est tout sauf humain à la base. Mais justement, l’utiliser pour parler du passé, de mémoire, de choses sensibles… c’est une démarche qui me plaît. J’aime bien aller à contre-courant.

Est-ce que pour toi l’IA, c’est un ajout ou ça peut vraiment remplacer la créativité un jour ? Comment tu le perçois en tant qu’artiste ?
Je pense que c’est un ajout. Il y aura toujours besoin d’humains derrière. C’est une nouvelle manière de travailler, comme l’arrivée de l’ordinateur, d’internet ou du cinéma. Ce n’est pas la fin du monde, c’est une avancée.

Tu parles d’une démocratisation de l’art ?
Carrément. J’ai rencontré des gens au festival qui n’avaient jamais pu faire de cinéma pour des raisons financières, et maintenant ils peuvent s’y mettre chez eux après le boulot. C’est beau parce que ça rend la création possible pour plein de gens.

Tu dirais que ton processus de création a changé avec l’IA ?
Oui, parce que ça permet de tester des idées chez soi, avant même d’avoir les moyens ou les équipes. Tu vois vite si une idée tient la route. C’est super stimulant.

Tu utilises d’autres outils Adobe ?
Oui, beaucoup InDesign et Photoshop dans mon boulot de D.A. J’aime aussi Illustrator. Et avec Firefly, j’expérimente, même si je ne suis pas encore ultra familière. Mais j’adore découvrir.

Comment décrirais-tu ton style en trois mots ?
Surréaliste, contemporain… et chelou. J’aime bien quand c’est chelou.

Et Adobe/Firefly en trois mots ?
Innovation, création, design.

 

 

 

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